C’est au cours de l’année 1943 que la police secrète nazie porte les coups les plus dévastateurs à la Résistance en France.
En juin de cette même année, le plus puissant et le plus grand des réseaux britanniques, Prosper, est purement et simplement liquidé. Avec l’arrestation au même moment de Jean Moulin et du général Frère, la Résistance spécifiquement française est, de son côté, décapitée.
La liste des principales arrestations du mois de juin 1943 révèle l’ampleur des dégâts pour la Résistance et ressemble presque à s’y méprendre à l’incontournable schéma d’une tragédie de Racine (règle des trois unités : lieu, jour et action) :
9 juin : le général Delestraint, adjoint de Jean Moulin, chef de l’Armée secrète (AS) ; le général Olleris, ancien sous-chef de l’Etat-major de l’armée d’armistice, fondateur de l’Organisation de résistance de l’Armée (ORA),
13 juin : le général Frère, fondateur et chef de l’ORA ; le général Gilliot, fondateur de l’ORA,
21 juin : Jean Moulin, représentant personnel du général de Gaulle en France occupée, président du Conseil national de la Résistance (CNR). La Gestapo ne l’identifie cependant pas immédiatement. C’est chose faite, deux jours plus tard, le 23 juin !
23 juin : Francis Suttill, chef du réseau britannique Prosper, appartenant à la F Section du Special Operations Executive (SOE).
Les Allemands, Hitler en tête, jubilent et pensent en avoir terminé avec « les terroristes » en France. Ils se trompent. Après une inévitable période de flottement et de découragement, la Résistance se réorganise et reprend ses forces, qu’il s’agisse du SOE, de la France libre ou de l’ORA.
D’ores et déjà, tout le monde prépare la décisive année 1944 et met en place ses pions dans la perspective de l’inévitable débarquement des Alliés, quelque part sur les franges de l’Atlantique.